El gato (I)
Hermoso gato, ven a mi pecho amoroso;
comprime el filo de tus uñas;
y deja que me hunda en tus bellas pupilas,
de ágata y metal.
Cuando gustosos mis dedos acarician
tu cabeza y tu flexible lomo
y mi mano se embriaga en el goce
de rozar tu cuerpo magnético,
veo a mi mujer en espíritu; su mirada,
dulce animal, como la tuya
fría y honda, taja y corta cual dardo.
Y, de los pies a la cabeza,
una brisa sutil, de peligroso aroma,
nadan en torno de su cuerpo moreno.
El gato (II)I
En mi cerebro se pasea,
igual que en su propia casa,
Un gato hermoso, fuerte y suave.
Cuando maúlla, apenas se le oye,
tan tierno y discreto es su tono.
Y que su voz gruña o se calme
es siempre rica y profunda:
Es su su secreto y encanto.
Esa voz que filtra y fluye
en mi yo más tenebroso
me colma cual un verso cadencioso
y me deleita cual un filtro.
Duerme los males más crueles
Y resume todos los éxtasis;
y para las más largas frases
no necesita palabras.
No hay ningún arco que muerda
mi corazón, justo instrumento,
ni haga cantar con más grandeza
de sus cuerdas la más vibrante,
como tu voz, gato seráfico,
misterioso, gato extraño,
en quien todo, como en un ángel,
es tan sutil como armonioso.
II
Su pelaje rubio y moreno
exhala tan dulce fragancia
que una noche me impregnó de ella
tan sólo en una caricia.
Es el genio del lugar;
juzga, inspira, preside
todas las cosas, en su imperio;
¿Es tal vez hada, tal vez Dios?
Cuando mis ojos hacia ese gato,
como por un imán arrastrados,
se dirigen dócilmente,
y miro dentro de mí,
veo con asombro el fuego
de sus pálida pupilas,
claros fanales, vivos ópalos,
que me contemplan fijamente.
Le Chat (I)
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit.
Son regard, comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
Le Chat (II)
I
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.
Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.
Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!
II
De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.
C'est l'esprit familier du lieu;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée, est-il dieu?
Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales
Qui me contemplent fixement.
Hermoso gato, ven a mi pecho amoroso;
comprime el filo de tus uñas;
y deja que me hunda en tus bellas pupilas,
de ágata y metal.
Cuando gustosos mis dedos acarician
tu cabeza y tu flexible lomo
y mi mano se embriaga en el goce
de rozar tu cuerpo magnético,
veo a mi mujer en espíritu; su mirada,
dulce animal, como la tuya
fría y honda, taja y corta cual dardo.
Y, de los pies a la cabeza,
una brisa sutil, de peligroso aroma,
nadan en torno de su cuerpo moreno.
El gato (II)I
En mi cerebro se pasea,
igual que en su propia casa,
Un gato hermoso, fuerte y suave.
Cuando maúlla, apenas se le oye,
tan tierno y discreto es su tono.
Y que su voz gruña o se calme
es siempre rica y profunda:
Es su su secreto y encanto.
Esa voz que filtra y fluye
en mi yo más tenebroso
me colma cual un verso cadencioso
y me deleita cual un filtro.
Duerme los males más crueles
Y resume todos los éxtasis;
y para las más largas frases
no necesita palabras.
No hay ningún arco que muerda
mi corazón, justo instrumento,
ni haga cantar con más grandeza
de sus cuerdas la más vibrante,
como tu voz, gato seráfico,
misterioso, gato extraño,
en quien todo, como en un ángel,
es tan sutil como armonioso.
II
Su pelaje rubio y moreno
exhala tan dulce fragancia
que una noche me impregnó de ella
tan sólo en una caricia.
Es el genio del lugar;
juzga, inspira, preside
todas las cosas, en su imperio;
¿Es tal vez hada, tal vez Dios?
Cuando mis ojos hacia ese gato,
como por un imán arrastrados,
se dirigen dócilmente,
y miro dentro de mí,
veo con asombro el fuego
de sus pálida pupilas,
claros fanales, vivos ópalos,
que me contemplan fijamente.
Le Chat (I)
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit.
Son regard, comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
Le Chat (II)
I
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.
Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.
Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!
II
De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.
C'est l'esprit familier du lieu;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée, est-il dieu?
Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales
Qui me contemplent fixement.
Fuente: Baudelaire, Charles, Las flores del mal / Diarios íntimos, Colección Sépan cuántos, México, Porrúa, 1989.
Versión original en francés: http://poemasenfrances.blogspot.com
Imágenes: "Le chat blanc au miroir" y "Le chat blanc", de Piotr Pilawa
Versión original en francés: http://poemasenfrances.blogspot.com
Imágenes: "Le chat blanc au miroir" y "Le chat blanc", de Piotr Pilawa
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